M'exiler à 100 km de chez moi.
Abandonner mon emploi.
M'éloigner de toutes mes connaissances.
M'éloigner de tous mes repères.
Imposer à mes enfants un nouveau déménagement, un nouveau changement d'école.
Laisser derrière moi MA maison, à peine achetée, et tous les projets que j'avais pour elle.

Pour ne même pas, forcément, vivre avec lui: simplement, pour vivre plus près de lui.

J'ai proposé tout ça.

Oh, je comprends sa tiédeur: c'est une grosse responsabilité.

Mais pour moi non plus, ça n'est pas si facile, loin de là. J'essaie de me détacher, vivre à l'instant, ne rien voir d'autre que la simple question "veux-tu de moi"...

Parce que je sais qu'il en vaut la peine, et que SI il accepte, mes regrets, mes craintes, mes angoisses seront vite balayés dans la passion et dans l'euphorie du changement.

Mais pour le moment, où comme Soeur Anne, je ne vois rien venir... j'aurais grand besoin d'être soutenue.

Or, je suis seule à porter, à bout de bras, de toutes mes forces, ce projet un peu fou: une Vie avec Lui.

A quoi bon... il hésite, traînaille, pèse le pour, le contre, regarde le bout de son nez (facile!)... mais moi, je m'épuise.

L'optimisme ne me soutient plus. J'ai l'impression, quelque fois, de dire "ce que je dois dire", penser "ce que je dois penser", et surtout, ne pas éprouver "ce qu'il est dangereux d'éprouver".

Bon, faut dire aussi qu'on est jeudi... nous avons eu à peine une bouffée d'oxygène commun samedi passé... il est grand temps que je le touche, l'embrasse, le fagocyte...

Grand temps que Juju refasse le plein d'amour et de joie de vivre.

Parce que si, même moi, je me laisse baisser les bras et douter... nous sommes fichus!

Et on mérite mieux que ça.