J'aligne les heures puis les jours comme le Petit Poucet semait ses cailloux.

Sauf que les heures et les jours que j'aligne me perdent plutôt.

Une Juju machinale, qui fait ce qu'elle a à faire... je crois que le seul moment où je suis vraiment concentrée et "là", c'est le soir quand je choisis mes vêtements du lendemain.

Ridicule.

A ce train-là, je vais me réveiller vieille par surprise.

Je n'ai même plus envie de lui parler. Ni de lui téléphoner. Il y a bien ce mail que je lui ai envoyé - un lien vers un article de journal - mais en fait, c'était pas oppressant et je n'en attends rien.

Je me sens bien trop déçue et désabusée. Puis, preuve que "je me soigne", quand j'y pense je lui en veux. Je le trouve timoré, manquant d'audace: on pouvait, il pouvait "remporter toute une vie d'amour", avec la femme de sa vie qui plus est, simplement en disant "ok. je prends le risque. je n'ai à y perdre qu'un peu de temps".

Et il ne l'a pas fait.

 Pourtant, c'était vraiment peu de temps: en un mois à mon avis, nous aurions été fixés sur nos possibilités d'avenir.

Mais non: "je n'y crois pas".

Je lui demandais pas de croire moi. je lui demandais de foncer.

Oh tant pis hein. Je m'en fiche: j'aligne mes petits cailloux.

...